Une demi-heure plus tard, Ticky s'inquiète.La porte de la salle de bains est fermée à clé.Aucun bruit à l'intérieur et Hallyday ne répond pas aux appels angoissés et aux cris de son secrétaire.Holdago enfonce la porte d'un violent coup d'épaule.Il découvre la star étendue, inanimée, sur la moquette beige, dans une mare de sang.Johnny s'est tailladé les veines des deux poignets avec une lame de rasoir.Il est transporté d'urgence à l'hôpital Lariboisière.
Après deux semaines de cure de sommeil, Hallyday, qui a retrouvé ses forces et sa lucidité, décide de reprendre sa vie en main.Le 18 Octobre 1966, à vingt-trois ans, il est une fois encore sur la scène de l'Olympia.Le visage amaigri,vêtu d'un costume noir de clergyman,il s'écrit tout à coup : Je suis seul ...N'y a t-il personne qui veuille m'aimer ? Soudain, la foule se lève dans une sorte de grondement sourd.Des filles, des garçons ont les larmes aux yeux.Johnny a retrouvé son second souffle. On ne construit pas une carrière aussi exceptionnelle sans un instinct prodigieux et une bonne dose de cynisme.Il faut être capable d'utiliser ses erreurs, ses travers, de les confesser au public dans ses chansons. Jimi Hendrix, vieux copain de Johnny, a dit un jour, peu de temps avant sa mort en 1970 : Hallyday est un des plus grands manipulateurs de public de tous les temps.Un artiste incroyable.On n'a jamais vu un type tenir les spectateurs dans la paume de sa main comme il sait le faire.A la fin de cette année 1966, marquée par de nombreux coups de théatre, Sylvie accepte de reprendre la vie commune.Son fils, qu'il adore, Hallyday le voit trop rarement, entre deux tournées épuisantes à travers le monde.
